[DARKHORUS]Réunion

[Mafka]

La lourde armure de plates sur le dos et la couronne royale sur la tête, Mafka Trollbane fait les cent pas dans l'hôtel de ville d'Hillsbrad.

"Dans quoi il m'a embarqué cet elfe... Demander une requète officielle de Stromgarde pour voir l'archimage de Gilnéas... Ca fait combien de temps que je l'ai pas vu celui là? Bien dix ans maintenant... Il était plutôt mignon mais bon. Et puis le mettre en condition? Comment il veut que je le mette en condition moi? Je lui dit "Bonjour vous pourriez arrêter de traquer l'elfe, merci" pfff... "

Quelques clameurs retentissent dans la ville, les paysans n'étant pas habitués à voir coup sur coup une princesse et un archimage. Hillsbrad est un terrain neutre, jamais rattaché à l'Empire de Gilnéas ni au Royaume de Stromgarde.

Mafka risque un oeil par la fenêtre, elle aperçoit une délégation venant vers la mairie.

"Et mince... Respire ma fille, respire... "

La porte s'ouvre, un homme au port altier entre dans la pièce, vêtu d'une robe mauve typique des mages issus de Dalaran. La trentaine passée, il se dégage de ses traits précis et de sa longue chevelure brune une aura d'autorité.
Deux autres magiciens le suivent, correspondant à son escorte.

Il s'incline devant la princesse et fait signe à son escorte d'en faire autant. D'abord surprise, Mafka les imite.

" - Princesse Trollbane, honorée de vous revoir. Votre courrier m'est arrivé il y a peu, vous m'avez fait demandé?
- En effet, (L'esprit de la jeune femme travaille à vive allure, cherchant une excuse plausible) les royaumes humains sont en déclin, moi et Galen pensons qu'il est temps pour Gilnéas et Stromgarde de coopérér un peu plus en avant.
- (Il paraît suspicieux) Dans quels domaines?
- ...L'armée, l'économie, une fois Arathi reprise, nous pourrions vous aider à entrer dans les clairières de Tirisfal.
- Et pourquoi m'avez vous demandé? Plutôt que le roi Greymane?
- Et bien... Galen s'inquiète de votre... (Elle cherche ses mots) trop grande autorité, voyez vous on dit que vous fricotez avec des vauriens comme Deepstrike pour poursuivre de vieilles querelles...
- Sauf votre respect, ceci est une histoire qui ne vous concerne pas, Princesse.
- Oui, mais n'oubliez pas que c'est un frein à nos négociations... Ne bougez pas je vais chercher quelqu'un. "

En nage et sous le regard surpris de l'archimage, Mafka sort de la mairie pour chercher l'elfe.

"A lui de jouer maintenant... j'ai fait de mon mieux."

[DarkHorus]

Dans l’activité naissante du matin à Ironforge, Darkhorus entame ses derniers achats, la soirée de la veille a été chargée mais le résultat est là…
Soudain il voit une superbe monture de paladine qui tente de se faufiler sur la place, c’est Mafka. Jouant habilement de ses rennes et de ses genoux, celle-ci semble chercher quelqu’un quand soudain elle aperçoit l’Elfe au loin. Elle se rue vers lui et saute de sa monture alors que celle ci ne s’est à peine arrêtée. Elle est haletante.

« Voilà, Hillsbrad comme convenu ! » elle tente de reprendre son souffle mais son armure ne facilite pas l’exercice. « Alors bon…J’ai fait de mon mieux, il faudra peaufiner une fois arrivé… » Elle esquisse un sourire embêté.. « Je crois...je crois que je suis une piètre menteuse ! Enfin tu verras ! »

Darkhorus est stoïque comme si il s’était préparé de longue date à ce Rendez vous. Il place sa main sur l’épaule de la paladine comme pour l’aider à reprendre son souffle et marqué par la même occasion la reconnaissance au service rendu.

« Je te remercie, je n’oublierais pas ce service ! »

Puis sans attendre plus longtemps, il saute sur sa monture et file vers le lieu de Rendez Vous indiqué par Mafka.



Hillsbrad, fin de matinée.

L’Elfe arrive au pas avec sa monture, il remarque une maison gardée par deux mages. Il se dirige vers eux. Arrivé à leur hauteur, il les salue puis descendant de sa monture :

« Je suis attendu par votre maître ! »

Il regarde Pakhet, celui ci semble comprendre un message invisible car le voilà qu’il part se promener derrière la maison. Les deux mages se regardent, puis l’un prend la parole :

« Tiens donc…Et qui dois je annoncé ? » demande t’il d’un air suffisant
« Darkhorus » répond l’Elfe en le fixant droit dans les yeux

Le mage semble perdre un peu de sa contenance, tandis que l’autre a rapprocher sa main tremblante de sa baguette, l’autre tente de reprendre le dessus sur sa réaction, et :

« Je…Je vais vous annoncer…Un instant »L’homme pénètre rapidement derrière dans l’enceinte de la battisse.

L’autre mage est figé, il fixe le moindre geste de l’Elfe sans oser le regarder dans les yeux. L’atmosphère est tendue. L’émissaire revient quelques secondes après.

« Notre maître va vous recevoir…Je vous demanderais juste de pénétrer sans armes ! »

L’Elfe dégaine aussitôt ses deux haches, ne manquant pas de créer un sursaut sur la sentinelle en tissu, puis lui tend. Reprenant son courage à deux mains celui-ci, récupères les armes du chasseur. Il entre.


La cheminée est déjà bien active, un feu d’une bonne taille, réchauffe et anime les ombres de tous les objets postés aux alentours. Un homme d’une trentaine d’année bien écoulée, chevelure brune, l’Archimage Khaltor, le frère de Mylefia. Son regard est froid, il fixe l’Elfe puis d’un geste de la main il l’invite à s’asseoir à la table. Les deux hommes se dévisagent pendant un long moment, puis Khaltor avec un sourire aux lèvres entreprend de prendre la parole.

« Je dois dire que je suis assez surpris…Soit vous êtes complètement fou, soit votre présence ici doit valoir bien plus que votre vie ! ». Le sourire de l’homme s’est effacé, il se lève ignorant la menace potentielle du chasseur. « Mais qui êtes vous donc pour vous permettre une telle ingérence dans une affaire privée ? » Il fixe l’Elfe. « Ma sœur vous a envoûté ? Mmmmh ? Ou bien…..Non….Vous avez des sentiments pour elle ! » Il scrute le regard de l’Elfe comme pour trouver sa réponse. « Haha, oui c’est ça…c’est pathétique ! ».

L’Elfe toujours impassible, écoute patiemment l’homme. Son visage est serein, il fixe attentivement les gestes de l’humain. D’ailleurs, le mage reprend :

« Oui… Ce n’est que cela...Vous êtes prêt à mourir pour ma sœur …*rire exagéré*..La vie vous semble si fade et ennuyeuse ? »
« Il semblerait que pour l’instant les morts ne se comptent que dans un seul camp ! »
Un silence suit l’intervention de l’Elfe, on entend plus que les crépitements du feu. Le mage s’en approche, puis se munissant du tison, remue les braises comme pour chercher une réponse à renvoyer au chasseur. Il relève la tête, et tente de trouver un sourire de circonstances pour conserver son autorité.

« Mmmh oui, je dois malheureusement vous accorder cela. Mais la chance tourne, et vous ne serez pas toujours là.. » N’en tenant plus, il se retourne vers l’Elfe.. « Que voulez vous ??? » La question est sèche et brutale, le visage du mage s’est durci.

« Une trêve ! Une paix ! Un accord ! Appelez cela comme vous voudrez mais je suis là pour trouver une solution avec vous.. »

L’homme ne peut cacher son étonnement, son agressivité redescendant, il retourne s’asseoir.

« Négocier ? Vous souhaitez négocier ? Je ne vous comprends pas…Qu’est ce qui vous motive ? ». Khaltor s’est réellement adoucit dans sa voix et cherche une explication rationnelle à la requête de l’Elfe.

« Je souhaites simplement que Mylefia puisse être maître de sa destinée, sans à avoir à se cacher, qu’elle puisse vivre et s’accomplir dans la voie qu’elle a choisi. même si cette voie n’est pas la vôtre ou celle qu’aurais aspirer voir votre père…. » L’Elfe laisse un moment de silence puis reprend. « Elle a commis une erreur, je vous l’accorde mais ne voyez vous pas que c’était sa destinée ! Votre père n’a pu l’accepter et cela est tout à fait compréhensible, mais vous ? Son propre frère ? Que vous a t’elle fait ? »


A l’évocation de ces mots, l’homme semble plongé dans des souvenirs lointains et pénibles. Son visage se crispe légèrement, sa voix se fait lourde et profonde.

« Oooh moi, elle ne m’a rien fait si ce n’est m’abandonner mais là encore… »Il regarde l’Elfe attentivement comme si il commençait à voir une autre personne depuis qu’il est rentré. « Croyez vous que l’on reprend le rôle que m’a laissé mon père en effaçant ses ardoises, en discréditant la tâche de toute une vie ? Non..Cela ne marches pas comme ça…Si je parais soudain faible, c’est là que le danger va me guetter, je n’ai pas le droit de perdre la face, comprenez vous ? »

« C’est pour cela que je suis ici. »
L’homme pousse un profond soupir, puis fixe l’Elfe.
« Je n’ai rien à lui reprocher, c’est vrai ! Elle est, et sera toujours ma sœur,mais….Je dois maintenant diriger Gilnéas, seul, la mort est devant nos portes, je dois conserver une position forte auprès de mes citoyens, si ils doutent, le mur de Greymane s’effondrera sous les assauts de ces maudits morts vivants. »

L’Elfe se lève, et se dirige vers la fenêtre, dos au mage, fixant l’horizon.

« Je peux racheter le contrat, me sembles t’il, si j’ai bien compris vos règles. »

L’homme sourit comme désabusé.
« Oui, il est vrai, mais il y deux contrats, le sien..et le vôtre ! »
« Je viens vous faire une proposition pour Mylefia, libre à vous de maintenir mon contrat »
La voix de l’Elfe paraît si sûre, si sereine, que l’homme ne peut s’empêcher de marquer un temps de réflexion.
« Et vous auriez 350 pièces d’or ? Moi, je me demandes comment je pourrais payer ce contrat mais vous…vous auriez cette somme ?? »
L’Elfe revient à la table, puis sans dire un mot, il sort une pochette en cuir fermée d’un sceau fait à la bougie, il s’asseoit à nouveau en face de l’Archimage et fait glisser la pochette jusqu’à lui.
L’homme est perplexe, il observe la pochette avec attention mais ne l’ouvres pas.
« Admettons…Bien entendu je devrais encore statuer sur votre sort….ce qui reviendrait à réaliser que vous accorder moins d’importance à votre vie qu’à la sienne…incompréhensible ??!!! »
« Nous tentons tous un jour de nous libérer de nos erreurs…. »
« Dites moi, Réellement pourquoi vous faites ça pour Elle, et je vous accorde cette immunité à vous deux !! » L’Archimage est sérieux, il fixe l’Elfe droit dans les yeux, le crépitement des flammes vient de se changer en un chronomètre qui rythme le silence de la pièce…

« J’ai votre parole ? » s’assure l’Elfe
L’homme acquiesce.
« Oui, je veux comprendre….. »

L’Elfe retourne vers la fenêtre, il regarde Pakhet qui s’est caché dans un buisson, attendant un signe de son maître. Il scrute au loin, une image apparaît soudain, Mylefia ! Il prend une grande inspiration. Darkhorus, la voix alors hésitante mais résigné.


« Il…il semblerait…que...que l’amour guide mes pas »
Dire que l’homme est abasourdi est un doux euphémisme, il observe l’Elfe, il semble franc et sincère. Khaltor baisse les yeux, comme si cela lui faisait plaisir d’entendre cela. Lui n’a pas eu le temps de trouver l’âme sœur, bien trop vite contraint au rôle qui lui était destiné.

« La protègerez vous, prendrez vous soin d’Elle ,…..Quel Elfe êtes vous, pour sortir une telle somme, bravez mes meilleurs exécuteurs ? »
« Je serais à ses côtés tant qu’elle en éprouvera l’envie et le besoin, pour le reste,…. » Il marque un silence… « Alors acceptez vous notre accord, messire ? » Il se retourne et dévisage l’homme.

« Oui ! Je vais le faire, à ma manière, mais Mylefia ne sera plus inquiété dès que je sortirais d’ici.. » L’Archimage est redevenu un homme simple, comme si ses responsabilités et ses obligations étaient suspendus par le fil du temps. Il rejoint l’Elfe à la fenêtre, ils regardent tous deux au dehors, puis Khaltor reprend :
« Je me souviens quand nous étions petits….Elle avait toujours cette malice dans son regard et son sourire comme si elle avait un coup d’avance, comme si elle savait ce qui allait se passer…Nous en avons fait trembler des paysans et des troupeaux, cachés dans des buissons à envoyer de piètres sort d’arcanes.. » Les yeux de l’homme sont humides, il tourne la tête d’un geste brusque comme pour cacher son émotion à l’Elfe.

« Elle a toujours cette malice…. » répond l’Elfe, le regard plongé au loin.

Il se retourne et regarde Khaltor droit dans les yeux. Puis il tend sa main droite dans sa direction, ouverte la paume vers le haut. L’Archimage le regarde, puis d’un geste convenu, il pose sa main sur celle de l’Elfe liant ainsi un pacte d’honneur liant cette personne si chère à ces deux êtres.

« Je vais vous laisser maintenant, j’ai une bonne nouvelle à apporter. Vous êtes un homme bon, Khaltor, soumis aux pressions de votre fonction, vous avez su rester fidèle à vos sentiments et cela vous honore. Je ne manquerais pas de lui dire, et je ne l’oublierais pas… » L’Elfe saisit son sac et s’apprête à sortir.

« Un instant… » Le mage sourit.. « Et vous ? Qui êtes vous, pour avoir le courage de trouver tant de ressources en vous et…manifestement financière ? Vous n’êtes pas un Elfe ordinaire.. »

L’Elfe a déjà entrouvert la porte et voudrait sourire, mais ce n’est pas de circonstances, il fixe alors l’enveloppe posé sur la table, et plus particulièrement le sceau. Le mage comprenant le message prend l’enveloppe et l’observe attentivement..

« Mais… » il blêmit soudainement. « C’est le sceau de l’Ordre de Tir.. » mais l’homme s’est avisé, et a retenu sa phrase, car les deux mages sont entrain de s’assurer que tout va bien.
« Sortez bon sang ! ». Les mages s’exécutent promptement trop inquiet de déclencher la fureur de leur maître. Puis il se retourne a nouveau vers l’Elfe.

« Cette Ordre n’existe plus depuis…depuis l’affaire de Med’hiv..si les manuscrits de Dalaran sont exact »

L’Elfe regarde déjà vers l’extérieur.

« Il n’existe plus sous sa forme initiale, mais certains ont cru bon de préserver une continuité au travers des générations. La Menace est encore présente..et plus que jamais. Adieu Khaltor !...Et merci… »

« Pass… » il se ravise puis comme si cela n’avait enfin plus d’importance. « Dites lui que..que je pense souvent à Elle, et qu’elle peut désormais vivre sans cette lame au dessus de son esprit ! »

« Je n’y manquerais pas ». L’Elfe s’incline respectueusement devant Khaltor, celui ci l’imites pour montrer son respect et ne peut cependant s’empêcher de voir en lui désormais, un Gardien.


Darkhorus invoque sa monture, puis sort tranquillement du village, arrivé à bonnes distances de toute activité, il regarde le ciel, les arbres, ….La journée à une saveur nouvelle, une brise fraîche vient à passer contre son visage, il hume la bourrasque…Il sent le parfum de la douce peau de Mylefia

« J’arrives… »

La monture disparaît dans les brumes de chaleur de l’après midi naissant